Bref. Ça faisait déjà quelque mois qu'il me fallait un vrai armoire. J'en ai acheté une.

Après avoir monté le meuble moi-même, il fallait que je le monte moi-même. Le plan du meuble était super compliqué ; et il était à l'envers. Il était quand même compliqué.

Y avait pas assez de place dans ma chambre pour le monter, alors je l'ai monté dans mon salon. J'ai dû pousser le canapé, déplacer la table basse, rouler le tapis. J'en avais déjà marre.

J'ai dit "Il est où, le tournevis ?" vingt-trois fois. (Il est où ? Il est où ?)

Je voulais enfoncer un truc avec ma main ; je me suis fait mal.

Je me suis coupé avec une planche. J'ai remué la main. Je me suis demandé pourquoi on remue la main quand on se coupe.

J'ai essayé de fixer la planche B à la planche D avec le vis B5, mais ça marchait pas. je me suis rendu compte que j'avais confondu la planche B avec la planche H qui est pareil mais avec deux autres trous sur le côté. Je me suis senti triste. J'ai crié.

Sur la notice, ils indiquaient qu'il fallait être deux pour monter ce meuble. Je me suis dit que je me débrouillerais tout seul. L'étape sept était difficile. Mon coloc m'a pas aidé. Il était occupé.

Je suis occupé. Tu veux le petit Winnie ? J'en veux pas, moi.

J'ai marché pied nu sur un vis C2. J'ai dit des gros mots. (Putain de sa mère...)

J'ai regardé l'étape neuf pendant environ vingt minutes. J'ai sauté l'étape neuf. Le meuble commençait à avoir de la gueule. J'ai pris le temps de dire que j'étais un putain de bonhomme. Arrivée à l'étape quatorze, j'ai compris à quoi servait l'étape neuf. Je suis retourné en arrière. J'ai fait l'étape neuf. je suis revenu à l'étape quatorze. J'avais fini mon meuble quand Baptiste a dit:

Il passera pas la porte, ton meuble.

Ah merde.

Mais demande. Tu demandes pas.

J'ai tout démonté. J'ai tout remonté dans ma chambre. J'ai pas sauté l'étape neuf. Je me suis dit que je rangerais mes affaires dedans demain parce que j'étais trop crevé. Deux semaines après, je l'avais toujours pas rempli.

Bref. J'ai monté un meuble.